Photo by Frederick Florin (AFP)

Les dépêches AFP du spectacle

“Mord im Burgtheater” d’Ivan Stanev: brillante variation sur le terrorisme

STRASBOURG, 28 jan 2010 (AFP) 

Mord im Burgtheater”, la dernière pièce de l’artiste bulgare Ivan Stanev, donnée en première française jeudi à Strasbourg, est une brillante variation qui part d’un attentat réel dans un théâtre viennois en 1925 pour évoquer les liens ambigus entre terrorisme et spectacle.

L’auteur et metteur en scène installé depuis 1988 à Berlin entremêle les ressources de la musique (un pianiste, une chanteuse), de la danse, du cinéma, de la peinture, de la vidéo et de langages théâtraux éclectiques pour créer un spectacle extrêmement dense, étourdissant, où de multiples récits se croisent, à l’inverse d’une narration linéaire.

“J’essaie de travailler à une langue théâtrale qui correspond à cette polyphonie du temps, des thèmes, des gens qui sont morts, vivants, ceux qui ne sont pas nés”, a-t-il expliqué.

Aux répliques burlesques sur les partisans qui finissent “hachés menu” comme le parmesan répondent des poèmes, des tirades héroïques ou des discours pompeux bourrés de références mythologiques ou historiques.

Freud et Alma Mahler, l’artiste et épouse du compositeur Gustav Mahler, contemporains viennois de l’assassinat politique commis au Burgtheater, sont convoqués dans la pièce, de même que l’Ange de l’Histoire de Klee.

Jeannette Spassova interprète magistralement la meurtrière Melpomena qui tue le traître Panica en plein milieu d’une représentation de Peer Gynt. Panica, explique-t-elle, est “un mauvais Macédonien” qui a trahi la révolution.

Le procès de Melpomena, décrit notamment au travers d’articles de presse, ne permet pas de déterminer si le meurtre était d’inspiration passionnelle ou politique, mais il montre que le terrorisme est indissociablement lié au spectacle et aux médias.

(“Mord im Burgtheater” d’Ivan Stanev, production de la Volskbühne de Berlin, sous-titré en français, 29 janvier au Maillon de Strasbourg; à l’automne 2010 à la Rose des Vents de Lille)